C’était une dame, une actrice à la voix si particulière (Michael Lonsdale disait d’elle qu’elle avait une « voix de violoncelle »). Inoubliable fée des Lilas dans « Peau d’Âne » de Jacques Demy, Jeanne Dielman pour Chantal Akerman, elle avait tourné sous la direction de Marguerite Duras, Alain Resnais ou François Truffaut.
Mais c’était aussi une militante féministe et une cinéaste visionnaire. Son documentaire, Sois belle et tais-toi, ressort en salles et conquiert une nouvelle génération de cinéphiles.
Tandis que le chef-d’œuvre de Chantal Akerman, Jeanne Dielman, 23 quai du Commerce, 1080 Bruxelles, élu meilleur film du monde l’an dernier (2022) (par la revue Sight and sound et le British institute), sera lui aussi de nouveau à l’affiche dans quinze jours.
Delphine Seyrig est à l’honneur de Tous les cinémas du monde ce samedi.
Nous recevons Nicole Fernandez Ferrer, la co-présidente du centre audiovisuel Simone de Beauvoir, un centre co-fondé par Delphine Seyrig en 1982 pour réunir, produire et diffuser des documents audiovisuels sur les droits, luttes et création de l'art des femmes.
Et Alexandre Moussa, universitaire qui a consacré sa thèse à Delphine Seyrig, « Je ne suis pas une apparition, je suis une femme » : Delphine Seyrig, icône du cinéma moderne, actrice insoumise, star féministe.
Pauses musicales : Delphine Seyrig chante dans Peau d’Âne de Jacques Demy, et Feist Hiden out in the open.
Références :
- Delphine Seyrig,En constructions, par Jean-Marc Lalanne (éditions Capricci).
- Delphine et Carole Insoumuses, par Callisto Mc Nulty, disponible sur la plateforme Madelen, la machine à remonter le temps de l’Ina.
4/1/2023
48:30
Jeanne Herry braque ses projecteurs sur la justice restaurative
Au Rwanda, on connaît les « gacaca », le système coutumier d’audiences entre accusateurs et accusés destinées à résoudre les conflits locaux. En Afrique du Sud, il y a eu la Commission vérité et réconciliation, mais c’était dans un contexte très particulier d’un pays ravagé par des décennies d’Apartheid. Faire se rencontrer, parler, victimes et détenus, négocier, prendre le temps de l’écoute, c’est un principe à l’œuvre dans nombre de pays où prévaut la justice coutumière.
En France, et depuis finalement assez peu de temps, existe une instance qui fait se rencontrer des personnes qui sont des deux côtés de la balance… Il ne s’agit pas ici de statuer sur des affaires déjà jugées. Ici, victimes et condamnés ne se connaissent pas mais sont d’accord pour partager leurs expériences et ressentis, sous la houlette d’encadrants, professionnels et bénévoles. On l’appelle la justice restaurative, elle a été instaurée en France en 2014 !
Et un film choral, en salles mercredi prochain (29 mars 2023), en montre bellement la subtile mécanique : Je verrai toujours vos visages.
Nous recevons la réalisatrice Jeanne Herry, et le comédien Birane Ba, pensionnaire de la Comédie Française, à l’affiche de ce film qui compte une pléiade d’acteurs : Élodie Bouchez, Gilles Lellouche, Suliane Brahim, Jean-Pierre Daroussin, Adèle Exarchopoulos, Dali Bensalah, Leila Bekti, Denis Podalydès, Miou Miou, Fred Testot.
À l’affiche de notre cinéma ce samedi, le journal du cinéma et une rencontre avec le producteur Pape Boy, mentor d’un des courts-métrages africains, lauréat d’un concours organisé par Netlix à l’échelle du continent.
Pauses musicales : Flavien Berger D’ici là, et Young Father I Saw.
3/25/2023
48:30
«Le bleu du caftan» dévoile le tabou de l’homosexualité au Maroc
C’est une robe longue en forme de T, richement décorée, ornée d’une ganse de soie brodée et d’une rangée de boutons cousus en face de brides. On appelle ce vêtement traditionnel porté dans tout le monde arabe un caftan. Au Maroc, cette pièce précieuse est portée par les femmes lors de fêtes et mariages, et chaque région ou communauté imprime sa marque. Un caftan se transmet de mère en fille ; de même que le savoir-faire de la broderie. Et ce, même si l’excellence artisanale tend à disparaître, balayée par l’exigence de rapidité, d’efficacité et du moindre coût.
L’un des héros de notre film du jour est un maalem, un maître tailleur, de la médina de Salé au Maroc.
Mais de même qu’il s’applique à ce que l’on ne voit pas les coutures, il ne peut vivre au grand jour son orientation sexuelle.
Heureux en couple avec sa femme Mina, son équilibre va être bouleversé par l’arrivée d’un jeune apprenti, Youssef.
Le Bleu du caftan, le deuxième film de la réalisatrice marocaine Maryam Touzani, a été projeté au dernier festival de Cannes dans la section Un Certain Regard, et a décroché le prix Fipresci de la critique internationale.
Nous recevons la réalisatrice marocaine Maryam Touzani et l’actrice Lubna Azabal qui incarne Mina, l’épouse et amie de cet artiste de la broderie.
À l’affiche de notre cinéma également cette semaine :
Un reportage en Malaisie de notre correspondante Juliette Pietraszewski, suite à l’événement de la dernière cérémonie des Oscars : la statuette de la meilleure actrice décrochée par Michelle Yeoh (qui devient la première actrice asiatique à remporter ce prix) Un reportage au Maroc de Nadia Ben Mahfoudh sur le festival Roots, un festival de cinéma panafricain.
Pauses musicales :
- Gorillaz Tormenta feat. Bad Bunny
- Etta James I Got you Babe.
3/18/2023
48:30
Houria, ou la résilience d’une danseuse algérienne
« Houria » : c’est le mot arabe pour désigner la liberté. Mais, c’est aussi le prénom d’une héroïne algérienne d’aujourd’hui. Houria, femme de ménage le jour, rêve d’intégrer une compagnie de danse classique. Elle gagne de l’argent en allant la nuit parier sur des combats de béliers. Une mauvaise rencontre, un soir, un voleur qui lui dérobe son sac et la fait tomber. Et son destin bascule. Le choc est d’autant plus terrible qu’il la laisse mutique, et blessée. Comment trouvera-t-elle la force de se remettre debout, et de danser à nouveau ?
C’est ce que raconte le film « Houria », en salles en France et au Maghreb, mercredi prochain (15 mars 2023), en Afrique subsaharienne, le 17 mars 2023. Houria est le deuxième long-métrage de Mounia Meddour, quatre ans après « Papicha ».
Nous recevons Mounia Meddour et l’interprète principale du film : Lyna Khoudri.
À l’affiche également de notre cinéma, ce samedi, une autre histoire de résilience et de combats de femmes, c’est « Nayola », un film d’animation de José Miguel Ribeiro sur trois générations de femmes angolaises. Un reportage de Juliette Chaignon au Pérou où un film en langue quechua, « Willaq Pirqa, el cine de mi pueblo », connaît un joli succès en salles et, bien sûr, les dernières nouvelles du Journal du cinéma.
Pauses musicales :
Mok Saib Je m’en fous Prep As it was.
3/11/2023
48:30
Raoul Peck: «Hiérarchiser les races, c’est la racine de tous les génocides»
S’il est vrai que ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’histoire, celle du monde occidental est tissée de non-dits, de zones d’ombre et de mensonges. Et dans ce cas, comment raconter une autre histoire ou plutôt comment raconter l’histoire autrement ? (Rediffusion)
C’est une entreprise immense et d’une ambition un peu folle que de revenir sur les récits populaires et académiques pour offrir une contre histoire : celle du racisme, de la violence, et de la haine en Occident, celle de la suprématie blanche ou plutôt de la présomption des Blancs à la suprématie, celle qui s’affirme de la conquête des Amériques au génocide des Incas, des bateaux négriers à cette nuit de mai 2020 à Minneapolis où George Floyd fut assassiné par un policier.
Cette histoire est au cœur d’« Exterminez toutes ces brutes », le nouveau film de Raoul Peck, une minisérie en quatre épisodes diffusée sur Arte.
⇒ La série «Exterminez toutes ces brutes» sur Arte.
Journal du Cinéma
⇒ Entretien avec Jeanne Cherhal par Edmond Sadaka.
⇒ Reportage à Dakar sur l’ouverture de l’École de cinéma Kourtrajmé avec notre correspondante Thea Ollivier.