De femmes, cheffes, et de cuisine libre!
Cuisine libre, plus intuitive, moins formatée, plus instantanée, plus en phase avec la vie – la vraie vie, et non pas une bulle coupée du quotidien. Une sorte de restaurant de demain qui ressemble en bien des points au restaurant d’hier, et si cette cuisine-là était l’expression féminine du restaurant auquel chacun aspire ? En mouvements, durable, filant les saisons, écologique et socialement engagée, curieuse, singulière et pacifiée, viable: une manière d’être au monde, en cuisine, une sorte d’écologie féminine de la cuisine ?
Avec :
- Sophie Cornibert, fondatrice avec Hugo Hivernat de « Fulgurances ». Un lieu d’expression à la manière d’un incubateur ou d’une pépinière, Fulgurances accueille en résidence de jeunes chef(fe)s, et les accompagne dans l’exploration et l’affirmation de leur cuisine. Un concept totalement novateur, un modèle qui en dix ans a fait bien des émules.
« Une cuisine comme un dessin sur un papier vierge de bonne qualité sur lequel on peut dessiner —si une analogie était faite– avec les meilleurs outils possibles, il faut les pinceaux, les meilleures couleurs. Pour nous, c’est très important qu’ils soient dans les meilleures conditions avec une équipe fixe, qui ne change pas, et qui soit là pour les accompagner, pour les guider, qu’ils puissent donner leur meilleur pour qu’il y ait une réelle progression. »
- Minou Sabahi, cuisinière indépendante, et itinérante, La jeune cheffe d’origine iranienne a fait ses gammes et testé —avec succès– sa cuisine en résidence chez Fulgurances.
- Bérangère Fagart, cheffe autodidacte de son restaurant « Sélune », au 37 bis rue de Montreuil à Paris, et bientôt aux fourneaux du restaurant du palais de Chaillot.
- Estérelle Payany, journaliste gastronomique et critique culinaire, notamment pour le magazine hebdomadaire Télérama et auteure. Elle observe le bouillonnement du monde et des cuisines, avec une attention particulière à la place des femmes, et leur représentation.
« En fait, il y a toujours eu des femmes en cuisine. On ne les voit pas, on ne les considère pas de la même façon que les chefs de restaurant, mais elles ont toujours été là. Elles sont aux origines : elles ont toujours cuisiné, et elles ont toujours nourri les gens. La cuisine se fait partout, le restaurant n’est qu’un lieu parmi tant d’autres, où l’on fait la cuisine. Le restaurant, c’est celui que l’on a mis en avant, priorisé, étoilé, mais cela ne représente que 0,5 % des endroits où l’on se nourrit. »
Pour aller plus loin
- « Cheffes, 500 femmes qui font la différence dans les cuisines », de Vérane Frédiani et Estérelle Payani. Éditions Nourriturfu. dans les pages desquelles se trouve la cheffe Anto, cheffe indépendante, traiteure, auteure : « Goûts d’Afrique », éditions Mango, et chroniqueuse pour 8 milliards de voisins, ou encore Alessandra Montagne, la cheffe de Nosso et Dana, dont le livre vient de sortir :
un clin d’oeil à Georgiana Viou, dont la cuisine au restaurant Rouge à Nîmes a été distingué en mars 2023 d’une étoile par le guide Michelin. un clin d’oeil à Manon Fleury et Laurene Barjoux qui sont aux fourneaux et en résidence au « Chalet de l’île » à Paris.
- Fatmata Binta : la cheffe peule originaire de Sierra Leone et installée au Ghana a reçu, en 2022, le prestigieux Basque Culinary World 2022, pour sa mission de préservation de la culture de son peuple au travers de sa fondation Fulanis kitchen, elle transmet et promeut la cuisine peule, prône l’autonomisation des jeunes filles. Elle est l’une des ambassadrices-phares du Fonio, céréale africaine ancestrale et durable qu’elle fait découvrir notamment au fil de ses dîners itinérants : Dine On A Mat.
- Les associations : Écotable : pour une restauration écoresponsable.
- Bondi(r), association de prévention des violences en cuisine, association fondée par des cheffes, désireuses de faire évoluer le monde de la restauration en prévenant notamment les violences en cuisine, grâce à leurs interventions dans les écoles.
« C’est comme l’éducation d’un enfant : ça demande plus de travail si on veut le faire bien : il faut toujours en faire plus, toujours se remettre en question, il faut plus d’attention, plus d’écoute, que dans une brigade et une formation classique. » Bérangère Fagart.
Programmation musicale
Le Festin, de Camille
Gole Yakh, de Yaghmael Kourosh.