Partner im RedaktionsNetzwerk Deutschland
Höre Européen de la semaine in der App.
Höre Européen de la semaine in der App.
(16.085)(9.339)
Sender speichern
Wecker
Sleeptimer
Sender speichern
Wecker
Sleeptimer
StartseitePodcasts
Européen de la semaine

Européen de la semaine

Podcast Européen de la semaine
Podcast Européen de la semaine

Européen de la semaine

hinzufügen
Chaque semaine, la rédaction Europe de RFI, fait le portrait d’un Européen qui est au cœur de l’actualité. Un portrait qui permet de découvrir les acteurs du mo...
Mehr
Chaque semaine, la rédaction Europe de RFI, fait le portrait d’un Européen qui est au cœur de l’actualité. Un portrait qui permet de découvrir les acteurs du mo...
Mehr

Verfügbare Folgen

5 von 24
  • Slovaquie: Robert Fico, l'ex-Premier ministre à la campagne pro-russe
    Les Slovaques renouvelleront leur Parlement dimanche 30 septembre. Le parti Smer-SD de Robert Fico reste en tête des intentions de vote, talonné par le parti libéral Slovaquie progressiste. L’ancien Premier ministre, poussé à la démission en 2018, pourrait faire son grand retour. Il a fait campagne avec un programme pro-russe et promet de mettre fin au soutien militaire à son voisin ukrainien. Si le parti Smer-SD fait la course en tête, d’après les sondages, il ne sera pas en mesure de gouverner seul. La question des alliances qu’il pourrait former reste en suspens. « Robert Fico est ouvert à toute forme de collaboration. Il n’a pas l'intention de blâmer qui que ce soit avant que les résultats définitifs ne soient connus », affirme Aneta Vilagi, analyste politique à l’université Comenius de Bratislava.L’ancien Premier ministre, à la tête d’un parti officiellement social-démocrate, pourrait avoir besoin des électeurs d’extrême droite pour retrouver le pouvoir. Il n’exclut pas de s’allier avec Republika, un parti fondé en 2021 par Milan Uhrik qui défend une idéologie d’extrême droite, voire néo-fasciste. De son côté, le Parti national slovaque (SNS) d’Andrej Danko, a déjà participé à des coalitions gouvernementales avec Robert Fico. « Quelles que soient les combinaisons, le retour de Robert Fico au poste de Premier ministre pourrait constituer un gros problème pour la démocratie slovaque », pronostique le directeur de l’Institut des Affaires publiques de Bratislava, Grigorij Meseznikov.« On pourrait faire un parallèle avec Bernard Tapie, pas seulement pour son populisme et son opportunisme, mais aussi parce que c’est quelqu'un qui n'oublie rien », affirme Alain Soubigou, maître de conférences en histoire de l'Europe centrale contemporaine à l’université Paris I-Sorbonne.À la tête du gouvernement slovaque à trois reprises de 2006 à 2010 puis de 2012 à 2018, il a été contraint de démissionner après les manifestations massives qui ont suivi l’assassinat du journaliste d'investigation Jan Kuciak et de sa fiancée. Ce dernier enquêtait sur les soupçons de fraude aux subventions européennes organisées par la mafia calabraise en Slovaquie avec l’aide de proches du gouvernement.À lire aussiSlovaquie : le meurtre du journaliste Jan Kuciak marque l'élection présidentiellePlusieurs proches de Robert Fico ont été inquiétés par la justice. Lui-même a été mis en examen pour « formation d’un groupe criminel organisé » et même si les poursuites semblent aujourd’hui arrêtées, « il a besoin de s'emparer du pouvoir politique, d’avoir entre ses mains le pouvoir exécutif, pour pouvoir nommer les personnes dans les organes chargés de l'application de la loi et changer la mise en œuvre du principe de la loi, comme c'était le cas lorsqu'il était Premier ministre », explique Grigorij Meseznikov. « Ce qui le motive le plus dans cette reconquête du pouvoir, c’est sans doute le fait qu’il pourra rester en liberté, qu’il échappera aux poursuites judiciaires. Je pense qu'il considère son retour au gouvernement comme une garantie de sécurité », avance le directeur de l’Institut des Affaires publiques de Bratislava.Un « opportuniste »Les déboires de 2018 semblent aujourd’hui bien lointains. Fin politicien auquel on prête des goûts de luxe, Robert Fico se retrouve à nouveau en tête de la course électorale. Ce juriste de formation de 59 ans, qui a commencé sa carrière politique au sein du Parti communiste tchécoslovaque juste avant la chute du Mur de Berlin, suscite depuis longtemps des sentiments contradictoires. Populiste, opportuniste, autoritaire, revanchard, mais aussi intelligent, tacticien ou fin politicien. Telles sont les images qui viennent à l’esprit des observateurs. « C'est un spécialiste de l’anti : il est anti-magyar, anti-tzigane, anti-migrants. Son parti s'appelle Smer, la direction, mais on ne sait pas très bien dans quelle direction il veut aller », ironise Alain Soubigou, qui décèle en lui, avant tout, « beaucoup d'opportunisme, à un stade, un degré bien supérieur peut-être à celui de son voisin méridional en Hongrie, Viktor Orban ».Tout comme le Premier ministre hongrois dans son pays, Robert Fico se pose en défenseur des valeurs chrétiennes et s’oppose à la répartition des demandeurs d’asile. Durant la crise du Covid, il s’est affiché en champion des antivax. Il est aussi ouvertement pro-russe, allant même jusqu’à s’engager à « cesser immédiatement toute livraison d’aide militaire à l’Ukraine » et critique régulièrement l’Union européenne. Il n’en a pas toujours été ainsi, souligne Aneta Vilagi : « Lorsqu'il a été nommé Premier ministre, il est devenu très favorable à l'UE, mais aujourd'hui, il mobilise les déçus de l’Union européenne. Il essaie d'adopter le même type de rhétorique que Viktor Orban en critiquant l'UE. Il est très opportuniste et on voit qu’il change de direction en fonction de ce qui peut lui rapporter plus de votes ou plus de soutien ».  À lire aussiLégislatives en Slovaquie : retour en grâce de l'ex-Premier ministre populiste et pro-Kremlin Robert FicoRobert Fico surfe sur le mécontentement des Slovaques devant un taux d’inflation le plus élevé de la zone euro, qu’il impute aux sanctions économiques contre la Russie, fournisseur traditionnel de gaz et de pétrole de la Slovaquie. Il s’appuie aussi sur le sentiment pro-russe d’une partie de la population. Selon un sondage Globsec, 40% des Slovaques estiment que la Russie est responsable de la guerre actuelle et 34% considèrent que le conflit est le résultat d’une provocation de l’Occident.Robert Fico affiche aussi un anti-américanisme virulent. Il accuse régulièrement la présidente Zuzana Caputova d’être une « Américaine au service de Washington », comme lors d'un rassemblement dans le centre du pays où juste avant sa prise de parole, son vice-président avait fait scander à la foule l’injure : « P*** américaine ». Lui-même était intervenu à la tribune en lançant, « plus une personne est une pute, plus elle devient célèbre ». « Il sait que bon nombre de ses électeurs se méfient des États-Unis et il sait qu’ils accueillent favorablement les attaques qu’il adresse à la présidente Caputova, lorsqu’il l’accuse, par exemple, d’être un agent étranger », souligne Grigorij Meseznikov. Face aux attaques récurrentes du politicien au langage fleuri et à la carrure de boxeur, la présidente slovaque a fini par porter plainte pour diffamation.
    23.9.2023
  • Ursula von der Leyen en route pour un nouveau mandat?
    Ursula von der Leyen sera-t-elle candidate pour un second mandat à la tête de la Commission européenne ? À neuf mois des élections européennes, l’ancienne ministre d’Angela Merkel n’a donné aucun indice sur ses intentions. Mais, lors du discours sur l’état de l’Union européenne prononcé mercredi 13 septembre à Strasbourg devant les eurodéputés, elle a vigoureusement défendu son bilan et donné des gages à la droite européenne. Tailleur, brushing impeccable, ton grave et diction parfaite. Ursula von der Leyen prononce ce qui sera son dernier discours sur l’état de l’Union avant les élections européennes et en profite pour dresser le bilan, forcément élogieux, de son premier mandat. « Lorsque je me suis présentée à vous en 2019, avec mon programme pour une Europe verte, numérique et géopolitique, certains avaient des doutes. Mais regardez où en est l’Europe aujourd’hui ! Nous avons vu naître une Union géopolitique qui soutient l’Ukraine, et qui s’oppose à l’agression russe. Et, nous avons un Pacte vert pour l’Europe dont l’ambition est sans pareil. » Même ses adversaires en conviennent : le parcours d’Ursula von der Leyen depuis 2019 est impressionnant. Il faut dire qu’avec le Covid et la guerre en Ukraine, elle aura traversé deux crises majeures en quatre ans. « Elle s’est réalisée et peut être accomplie à travers les crises, note Sébastien Maillard, conseiller spécial à l’Institut Jacques Delors. Au tout début de son mandat, elle était plutôt inexistante, en tout cas, elle prenait assez peu d'initiatives. Mais lorsque est survenue la crise du Covid, puis la guerre en Ukraine, on a vu une présidente de la Commission qui se mettait très en avant pour résoudre ces crises. Bien sûr, elle n’a pas agi seule, elle a agi avec les chefs d'État et de gouvernement, et avec le Parlement européen. Mais elle a montré que la Commission européenne usait et savait user de son droit d'initiative. »À lire aussiUkraine, environnement, IA: ce qu’il faut retenir du discours sur l’état de l’Union d’Ursula von der LeyenIsolement et centralismeIl y a le bilan, mais il y a aussi le style, avec un goût marqué pour la communication et une tendance, souvent pointée par ses critiques, à tout centraliser. « Elle a un mode de fonctionnement très centré sur son cabinet, avec une garde rapprochée allemande, relève Eric Maurice, de la Fondation Robert Schumann. Elle s'est fait installer un studio au 13e étage de Berlaymont, le bâtiment de la Commission, ce qui est considéré à Bruxelles comme le symbole d'une sorte d'isolement et de centralisme. Et en même temps, elle joue beaucoup de la communication, elle a beaucoup communiqué par les réseaux sociaux, par les vidéos. Elle est devenue une incarnation de l'Union, avec un sens de la communication très travaillé qui permet de compenser peut-être la froideur que beaucoup de gens lui attribuent. »Ursula von der Leyen sera-t-elle candidate pour un nouveau mandat ? Il lui faudra pour cela franchir plusieurs étapes. D’abord, juste après les élections européennes en juin prochain, ce sont les chefs d'État et de gouvernement au sein du Conseil européen qui vont devoir la choisir. À charge pour elle de les convaincre de son bilan et de sa capacité à poursuivre son action. Pour Sébastien Maillard, elle part sur ce chapitre avec un sacré avantage : le soutien, a priori, de la France et de l’Allemagne.« Elle a reçu indirectement l’appui d’Olaf Scholz, le chancelier allemand, même si elle n'est pas de sa famille politique. Mais c'est sa compatriote et on voit mal l'Allemagne ne pas la soutenir. Par ailleurs, elle a bien sûr le soutien d’Emmanuel Macron, qui l’avait proposée comme candidate en 2019. Et elle a donné des gages à la France, elle a montré qu'elle savait entendre les préoccupations françaises, comme l’illustre ce mercredi l’ouverture d’une enquête antidumping vis-à-vis de la Chine sur les subventions aux véhicules électriques. »À lire aussiUE: Von der Leyen présente son «Pacte vert» face aux défis climatiquesBarre à droite ?Pour être reconduite à son poste, Ursula von der Leyen devra obtenir également le feu vert du Parlement. Ce sera une rude épreuve, car l’ancienne ministre d’Angela Merkel n’est même pas assurée du soutien de son propre parti. « Paradoxalement, la force politique qui lui a été le plus hostile ces derniers temps, c'est le Parti populaire européen (PPE), souligne Eric Maurice, de la Fondation Robert Schuman. C’est lui, le PPE, qui a remis en cause certaines parties du Pacte vert, qui est la grande œuvre mise en avant dans son bilan. C'est pour cela qu'elle a beaucoup parlé de politique industrielle et de compétitivité dans son discours, parce qu'elle a besoin aujourd'hui de convaincre son propre parti qu’elle pourrait être la meilleure candidate pour briguer à nouveau la présidence de la Commission. » C’est d’ailleurs la grande crainte des partisans du Pacte Vert et de la transition énergétique européenne : voir la Commission se détourner de ces objectifs environnementaux afin de conserver le soutien d’un Parlement européen qui risque de pencher encore plus à droite, à l’issue des prochaines élections.
    16.9.2023
  • Ukraine: Roustem Oumerov, un «incorruptible» au ministère de la Défense
    Il a promis de récupérer « chaque centimètre » de la terre ukrainienne. Nommé par Volodymyr Zelensky, Roustem Oumerov a remplacé cette semaine Oleksiy Reznikov à la tête du ministère de la Défense. Originaire de Crimée, fin négociateur, réputé « incorruptible », il aura pour tâche principale de redorer le blason d’un ministère miné par les scandales de corruption. Surfacturation massive de produits alimentaires destinés à l’armée, pots-de-vin, prix gonflés pour l’achat d'uniformes auprès d’une société turque appartenant au neveu d'un député ukrainien : Roustem Oumerov prend la tête d’un ministère qui nécessite un grand ménage. « Il jouit d'une très bonne réputation », souligne le politologue ukrainien Volodymyr Fessenko. « Il n'est en conflit avec personne et n'est éclaboussé par aucun scandale ».Sa nomination a été approuvée jusque dans les cercles de la société civile peu tendres avec le pouvoir. « J’ai le sentiment que notre défense et notre sécurité sont entre de bonnes mains », commente Daria Kaleniuk, à la tête du Centre d’action anticorruption AntAC à Kiev, qui confie que de tous les officiels ukrainiens avec lesquels elle a pu échanger au sujet de la guerre, Roustem Oumerov est celui qui l’a « le plus impressionnée ».   Député du parti libéral d’opposition Holos entre 2019 et 2022, le nouveau ministre de la Défense a été à la tête de la commission parlementaire chargée de contrôler les livraisons d’armes occidentales. Il s’y est forgé une réputation de militant anti-corruption qu’il a consolidée en tant que directeur du Fonds des biens d’État, le principal fonds de privatisation du pays. Durant l’année écoulée, « Roustem Oumerov a licencié de nombreuses personnes et il a lancé un audit approfondi », note Daria Kaleniuk, qui affirme avoir suivi de près son action. « Il a une vision stratégique, il sait ce dont l'Ukraine a besoin pour gagner la guerre et il comprend clairement qu'il lui faudra faire beaucoup de ménage au sein du ministère ».À écouter aussiCorruption en Ukraine: «Avant la guerre, il y avait un problème systémique»Négociateur talentueuxAvant de se lancer en politique, le nouveau ministre de la Défense a fait carrière, à partir de 2004, dans l’industrie des télécommunications. Il a créé la société d'investissement ASTEM Technologies. Avec sa fondation caritative, qui soutient un programme de l'université de Stanford, conçu pour former des dirigeants, des avocats ou des hommes d’affaires ukrainiens, Roustem Oumerov a tissé des liens aux États-Unis. Le nouveau ministre de la Défense s’est fixé cinq priorités, parmi lesquelles le renforcement et l’élargissement de la coalition internationale, avec la recherche de nouveaux alliés, la lutte contre la corruption et le développement de l’industrie militaire ukrainienne.  Parlant couramment l’ukrainien, le russe, l’anglais, le turc et le tatar, il est aussi décrit comme un fin négociateur. Discussions avec la partie russe en mars 2022 en Turquie, préparation de l’accord céréalier ou encore négociations qui ont abouti à des échanges de prisonniers de guerre : le rôle de Roustem Oumerov est souligné. « Il a de très bonnes relations avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan qu'il connaît personnellement. Il a aussi apparemment de bons contacts avec les dirigeants de l'Arabie saoudite », souligne Volodymyr Fessenko. Le ministre de la Défense aurait ses entrées auprès du prince héritier saoudien, Mohammed ben Salman. Il a accompagné Volodymyr Zelensky en mai en Arabie saoudite et a pris part aux négociations de paix de Jedda, les 5 et 6 août.Tatars de CriméeAgé de 41 ans, musulman, Roustem Oumerov est né en Ouzbékistan soviétique, dans une famille de Tatars de Crimée déportée de la péninsule sur ordre de Staline. Diplômé de l'internat pour enfants surdoués du ministère de l'Éducation et de la Science de Crimée, il a, plus tard, travaillé pendant de nombreuses années au côté de Mustafa Djemilev, le chef historique des Tatars de Crimée. « Nous ne renoncerons ni à notre peuple ni à notre terre », disait-il en mai 2022.La nomination au ministère de la Défense d’un membre issu de cette communauté est un signal fort envoyé à tous ceux souhaiteraient pousser l’Ukraine à faire des compromis sur la question de la péninsule annexée par la Russie en 2014. Elle envoie le message que « le retour de la Crimée reste pour notre pays l’une des priorités », note Voldymyr Fessenko. « Il sera difficile, pour des hommes politiques ou des ministres d'autres pays, d'expliquer à ce ministre de la Défense de l'Ukraine, issu de la communauté tatare réprimée par la Russie, que vouloir reprendre la Crimée serait le signe d'une escalade », analyse Darya Kaleniuk.À lire aussiLes Tatars de Crimée sous une pression accrue depuis «l’opération spéciale» en Ukraine
    9.9.2023
  • Vladimir Kara-Mourza, premier opposant condamné en Russie pour haute trahison
    Lundi 17 avril 2023, Vladimir Kara-Mourza a été condamné à 25 ans de colonie pénitentiaire par la justice russe après ce que l’on peut qualifier de parodie de procès. C’est la peine que réclamait le parquet russe pour cet opposant notoire, poursuivi pour haute trahison, diffusion de fausses informations sur l’armée russe et également pour travail illégal pour une organisation qualifiée d’indésirable. Vladimir Kara-Mourza, qui a déjà été empoisonné à deux reprises en 2015 et 2017, des tentatives d’assassinats qui sont attribuées au pouvoir russe, a fait face à une justice russe qui démontre depuis des mois, et même des années, que l’État de droit n’existe plus en Russie. (Rediffusion du 16 avril 2023)Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, peu sont ceux qui osent encore braver les interdits et crier haut et fort leur rejet d’une guerre injustifiée. Vladimir Kara-Mourza en fait partie. Ce jeune opposant de 41 ans, père de trois enfants, est resté en Russie après le déclenchement de l’offensive, malgré les risques que cela impliquait, et ce, alors que sa femme et ses enfants vivent aux États-Unis.Marie Mendras, politologue au CNRS et professeur à Sciences Po Paris, explique pourquoi cet ancien journaliste a souhaité continuer à mener son combat dans son pays malgré les menaces : « Comme il le raconte lui-même, il a été fasciné par le travail politique que menait Boris Nemtsov. Boris Nemtsov était vice-Premier ministre de Boris Eltsine dans les années 1990 et dès l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 1999, Nemtsov a été l’un des rares à comprendre que l’ère qui s’ouvrait serait une ère dangereuse pour la démocratie et les libertés. Et en février 2015, quand Boris Nemtsov a été assassiné, Kara-Mourza a décidé de consacrer toute sa vie à combattre un régime qu'il considérait déjà à l'époque comme une dictature et un régime criminel. »Le premier opposant condamné pour haute trahisonVladimir Kara-Mourza, qui a joué un rôle clef dans l’adoption en 2012 aux États-Unis de la loi Magnitski, est considéré comme un ennemi par le régime de Vladimir Poutine. Et après avoir critiqué les autorités russes et l’armée suite au déclenchement de l’invasion en Ukraine, le Kremlin a semble-t-il décidé de s’acharner contre lui, comme le détaille Gilles Favarel-Garrigues, directeur de recherche au CNRS (et auteur du livre La verticale de la peur : ordres et allégeances en Russie sous Poutine) : « Vladimir Kara-Mourza est un bouc émissaire fabriqué par le pouvoir pour accréditer l’idée selon laquelle il y a une alliance entre des ennemis extérieurs et intérieurs qui veulent déstabiliser le régime. Ce n’est pas le premier à en faire les frais. Mais c’est en tout cas avec une sévérité inédite que Vladimir Kara-Mourza va être condamné. »À lire aussiRussie : Alexeï Navalny, le «masque de fer» de Vladimir PoutineCelui que l’on surnomme parfois « l’opposant numéro 2 », après Alexeï Navalny, est depuis le 17 avril le premier opposant à être condamné pour haute trahison. Le parquet russe l'a condamné à 25 ans de prison. Et malgré ce que cette peine implique, Vladimir Kara-Mourza n’en démord pas et se dit fier de son engagement, ce qui n’étonne pas Gilles Favarel-Garrigues :« C’est quelqu’un qui a toujours fait face aux épreuves qu’il a subies. C’est quelqu’un qui a fait l’objet de nombreuses persécutions et de nombreuses poursuites judiciaires en Russie, donc je pense qu’on est là face à des opposants qui n’ont plus rien à perdre. Il fait penser, à ce niveau-là, à Alexeï Navalny. Il subit la dictature de la loi comme on dit en Russie, à plein régime. C’est un choix qui vise sans doute à forger aussi une image de détermination par rapport au pouvoir russe. Mais on ne peut que s’inquiéter pour ces opposants et pour le fait qu’ils puissent terminer leur vie en prison. »Un homme qui fait peur au KremlinLa santé de Vladimir Kara-Mourza inquiète. Et dans un pays avec un régime que beaucoup qualifient de totalitaire, celui à qui le Conseil de l’Europe a décerné en 2022 le prix Vaclav-Havel des droits de l’homme pourrait bien subir des conditions de détention inhumaine. Car comme l’explique Marie Mendras, les autorités le craignent : « Pourquoi est-ce que Vladimir Poutine et ses services de renseignement ont décidé de se rassurer en se disant qu'ils peuvent écraser Vladimir Kara-Mourza et le laisser mourir dans un camp à régime sévère ? Eh bien, c'est parce que cet homme leur fait peur. »Vladimir Kara-Mourza, après une parodie de justice, a été condamné à 25 ans de détention dans une colonie pénitentiaire. Il s'agit de la plus longue peine infligée depuis la fin de l'Union soviétique pour une activité politique, une décision qui a suscité de nombreuses critiques dans le monde après un procès qualifié de simulacre et de procès politique.À lire aussiRussie : l'opposant Vladimir Kara-Mourza condamné à 25 ans de prison
    2.9.2023
  • Une destinée contre l'opinion, la reine Camilla «était là pour rester»
    Dans un communiqué, l'Élysée a annoncé ce jeudi 24 août que la visite de Charles III en France (qui avait été reportée à cause de la mobilisation contre la réforme des retraites en mars) aura lieu du 20 au 22 septembre. Devenu roi il y a un an à la mort d'Elizabeth II, Charles III a été couronné roi d’Angleterre et du Royaume-Uni le 6 mai dernier. À ses côtés, Camilla, née Shands recevait, elle aussi, la couronne et le titre de reine. Le temps où le couple défrayait la chronique est révolu… Après la disparition d’Elizabeth II, Charles doit aujourd’hui assurer la survie d’une institution dont l’étoile a pâli dans la jeunesse britannique. Et dans cette entreprise, la reine Camilla sera l’atout maître de Buckingham Palace. (Rediffusion du 7 mai 2023)« Voir Camilla couronnée dans l'abbaye de Westminster, voir le chemin parcouru par cette femme qui a vraiment été l'ennemi public numéro un dans la presse britannique, c'est incroyable ! » Philip Kyle, auteur de Charles III, partage l'incrédulité de beaucoup de Britanniques. Certains regrettent leur reine de cœur, Diana, d’autres, comme le biographe qui a travaillé quelques années pour la fondation du prince de Galles, The Prince’s trust, s’émerveillent.L'histoire commence dans le sud rural de l'Angleterre où Camilla Shands grandit entre ses chevaux et ses livres, deux passions qui lui resteront, dans un milieu privilégié, où l’on fréquente la famille royale. Son arrière-grand-mère fut d’ailleurs la maîtresse du roi Édouard VII. Lorsque la jeune Camilla croise le prince Charles en 1970, le coup de foudre est réciproque, mais le destin sera contrarié. Le prince Charles part dans la Marine, Camilla épouse le Major Andrew Parker Bowles en 1973, avec qui elle aura deux enfants. En 1981, le prince Charles épouse Diana Spencer. Mais Charles et Camilla s'aiment toujours.À lire aussiCouronnement du roi Charles III: «Il y a un sens de l'histoire qui s'accomplit»« Personne ne connaissait vraiment Camilla Parker Bowles à l'époque où Charles s'est marié avec Diana », raconte le Britannique Philip Turle. Mais lorsque la liaison est révélée, c'est un lynchage : « La presse commence à s'acharner contre Camilla. Elle est traitée de destructrice de mariage, de rottweiler – une insulte de Diana à l’origine – elle a été "élue" femme la plus mal habillée de Grande-Bretagne… On lui a craché dessus, jeté des choses en pleine figure. Cela a été une période extrêmement difficile pour Camilla. Et malgré tout, malgré cet acharnement de la presse, elle a tenu le coup. Parce qu’avant toute chose, avec Charles, c’était une grande histoire d'amour. Camilla Parker Bowles est une femme forte, confirme Philip Kyle, ce qu’elle doit en partie à son enfance. Le fait d'avoir eu une éducation entourée par des parents aimants, dans un cocon familial très solide, et dans un environnement finalement assez relax lui a permis de développer une personnalité assez équilibrée, c’est quelqu’un de résiliant, qui peut affronter les défis, qui sait ce qu'elle veut. Mais aussi qui aime la vie. »Réhabiliter CamillaEn 1995, Camilla divorce d’Andrew Parker Bowles, qui avait, lui aussi, d’autres amours. Les ex-époux sont aujourd’hui très bons amis. Le prince Charles et la princesse Diana divorcent en 1996. La détestation du public envers Camilla ne fait qu’empirer après la mort de Lady Di à Paris, l’année suivante. La résilience ne suffit plus, le prince de Galles charge un spécialiste en communication de réhabiliter Camilla : c'est l'opération PB - pour Parker Bowles. « Très progressivement, un certain nombre de moments de leur vie, par l’image, ont permis de l’installer dans l'esprit des Britanniques ; de montrer qu’elle était là, et qu’elle était là pour rester », explique Philip Kyle.Camilla calibre ses apparitions et ses sourires à la presse, mais elle doit aussi se faire accepter par la famille royale : « Un épisode a tout changé, c'est la mort de la reine mère. La mère de la reine Élisabeth II était farouchement opposée à l'idée de légitimer Camilla. » Elisabeth II se rend alors à l'évidence, poursuit Philip Kyle : « Petit à petit, elle a compris qu’avec Camilla à ses côtés, Charles pourrait être un roi plus apaisé – sans doute le voit-on aujourd'hui – plus apaisé et plus serein, ce qui permettrait d’apporter une stabilité à la couronne britannique. »« Faire en sorte que la monarchie britannique survive »Camilla et Charles se marient donc en 2005 avec l’accord d’Elizabeth II. Mais si Camilla est aujourd’hui reine à son tour, « ce n'est pas encore gagné, constate le journaliste Philip Turle. Elle n'est qu'à 38 ou 40% d'opinion favorable, ce qui est loin derrière d'autres membres de la famille royale comme William, Kate ou même la princesse Anne qui recueille 72% d’opinion favorable. Mais sa popularité est en constante augmentation. Et c'est une personne très travailleuse, qui passe beaucoup de temps à aider les gens en difficulté, qui très abordable ».La nouvelle reine est en effet engagée dans la lutte contre les violences aux femmes. Elle est marraine d’Emmaüs UK, s’implique dans la prévention de l'ostéoporose et pour l'apprentissage de la lecture. Le roi apprécie son humour et son optimisme. Ils forment un couple solide et aimant. Tant mieux, car le défi est immense. « La première tâche de Camilla et Charles, souligne Philip Turle, c'est de faire en sorte que la monarchie britannique survive. Ce n’est pas une mince affaire, mais je pense qu’entre Charles, qui a attendu 70 ans pour devenir roi, et Camilla qui a traversé tellement de difficultés pour arriver à ce grand jour, si deux personnes sont capables de faire le travail, c’est bien eux ! »Un vent de modernité va-t-il souffler sur la couronne ? Camilla a d'ores et déjà renoncé à employer des dames de compagnie, une première à Buckingham Palace.► À lire aussi : Royaume-Uni: revivez le couronnement de Charles III et Camilla de Westminster à Buckingham
    26.8.2023

Über Européen de la semaine

Chaque semaine, la rédaction Europe de RFI, fait le portrait d’un Européen qui est au cœur de l’actualité. Un portrait qui permet de découvrir les acteurs du monde dans lequel nous vivons et d’éclairer les évènements que nous commentons et dont nous témoignons dans les journaux de RFI.
Podcast-Website

Hören Sie Européen de la semaine, Hitradio Ö3 und viele andere Radiosender aus aller Welt mit der radio.at-App

Européen de la semaine

Européen de la semaine

Jetzt kostenlos herunterladen und einfach Radio hören.

Google Play StoreApp Store

Européen de la semaine: Zugehörige Sender