La révolution robotique dans l'armée de Terre
Ce mercredi 10 mai, l’armée de Terre a organisé la deuxième édition de la journée de la robotique, sur le camp militaire de Beynes, proche de Paris. Cet évènement a pour objectif de mettre en valeur les réflexions et les projets conduits en matière de systèmes d’armes létaux autonomes. La révolution robotique dans l’armée de Terre, c’est le thème de Lignes de défense.
Munitions rôdeuses dans les airs ou encore drones kamikazes antichars, la guerre d’Ukraine illustre déjà ce que seront à une plus grande échelle les combats du futur… La rupture robotique a bel et bien commencé et au sein de l’état-major de l’armée de Terre, le colonel David Schuster imagine les synergies possibles entre les hommes et les machines, avec, pour objectif de se doter dès 2040 de régiments robotisés. « En 2040, on vise vraiment l'atteinte d'unités complètement robotisées, ça ne veut pas dire sans hommes, ce sont des unités qui vont mixer des systèmes qui intègrent beaucoup d'autonomie avec des unités un peu plus classiques. Ce qu'on va appeler des unités opérationnelles robotisées. Pour quoi faire ? Identifier les pistes les plus prometteuses d'un point de vue tactique. Par exemple aujourd'hui, de manière très naturelle, on utilise des drones pour la surveillance. Mais lorsqu'on parle de munitions télé opérées, on voit que ces mêmes drones, on leur met une charge active et on les utilise pour neutraliser les objectifs. Est-ce que demain, un drone, ce n'est pas quelque chose qu'on pourra poser quelque part, qui va agir comme une sentinelle, qui va surveiller sur le temps long ? Est-ce qu'on va pas faire ça à des robots terrestres aussi qui vont peut-être pouvoir emporter des charges utiles beaucoup plus lourdes pour faire du combat, de la destruction de chars de l'interception électromagnétique ? »
Les robots seront à l’avenir omniprésents
Ou encore mener un travail de logistique pour alimenter les lignes de front, les robots seront donc à l’avenir omniprésents, mais ils ne seront jamais complétement autonomes, car la machine à ses faiblesses pointe David Schuster : « Ce que le robot a du mal à faire, c'est faire face à l'imprévu. Or, la guerre, c'est une succession d'imprévus, c'est pour ça que on croit en ce binôme homme robot. En fait, le robot va aider l'homme dans certains cas et dans d’autres situations c'est l'homme qui va aider le robot. Les limites du robot, ça va être de se retrouver face à l'imprévu et de réagir. Et on a beau parler d'intelligence artificielle, la guerre est un milieu complètement déstructuré dans lequel l’imprévu est constant. C'est extrêmement compliqué à appréhender pour un système qui n'est pas un humain. »
L’armée de Terre observe de près la multiplication des munitions rôdeuses, capables, par exemple de saturer et même polluer, dit le colonel Schuster, un champ de bataille. « Déployer des systèmes qui vont générer une menace diffuse dans une zone avec une certaine permanence, on est clairement sur la même approche qu'une zone polluée par un agent chimique ou un agent bactériologique. Et donc aujourd'hui, on commence à réfléchir sur cette notion de pollution de certaines zones du champ de bataille par des SALA, des systèmes d'armes létaux autonomes. Ce n'est pas une crainte, c'est un paramètre que l'on intègre dans les réflexions tactiques. Un robot tueur, il craindra une action cinétique, il craindra un missile, donc à nous de trouver notre propre mode d'action. Prenons un exemple avec les munitions rôdeuses télé opérées et qui opèrent en essaim, demain ces essaims pourront très bien faire face à une unité entièrement robotisée qui sera capable de les neutraliser ».
Si la loi de programmation militaire 2024-2030 ne donne pas d’objectifs chiffrés, il est question pour les forces françaises et en particulier l’armée de Terre de disposer à brève échéance de plusieurs milliers de munitions télé opérées.