Le petit marché du lin se consolide
Les prix moyens de la fibre longue de lin ont augmenté de près de 70% en 2022. Une hausse qui traduit l'intérêt que porte l'industrie textile à la fibre naturelle, dans un contexte de production décevante ces trois dernières années. L'Europe produit à elle seule les trois quarts des fibres longues de lin, utilisées par l'industrie de l'habillement. Le quart restant étant issu essentiellement de Russie, de Biélorussie, et d'Égypte, trois pays qui produisent surtout des fibres courtes de lin, utilisée pour des usages plus rustiques -type textile pour rideau ou canapé- ou pour être mélangée au coton.Le volume de la récolte européenne, concentrée entre Caen, en France, à Amsterdam, aux Pays-Bas, est donc un facteur clé pour déterminer les prix de la fibre de lin et indirectement ceux du vêtement que vous achèterez demain.Des prix en nette hausseEn 2020 et 2021, les récoltes n'ont pas été satisfaisantes, en quantité et en qualité, en raison d'épisodes climatiques survenus au mois de juin, un mois important, comme le dit l'adage, « juin fait le lin ». 2022 a donné une production moyenne qui n'a pas permis de rattrapage.En trois ans, l'offre s'est donc tassée, et les prix, toute qualité confondue, ont augmenté de 68% l'année dernière. La tendance s'est poursuivie : le kilo de fibre longue – prix sortie d'usine – se vendait en moyenne 5,80 euros au mois de mars, contre 3,50 euros avant 2020. Un prix indicatif, car le lin n'est pas coté en bourse.Une demande qui augmente lentement, mais sûrementAujourd'hui, ces prix sont favorables à un accroissement des surfaces. C'est ce qui se dessine pour 2023 même si rien n'est jamais acquis dans la filière : le lin est une culture technique dont les rendements et donc les revenus sont beaucoup plus aléatoires que pour d'autres cultures. Chaque année donne lieu à un nouvel arbitrage dans les exploitations agricoles.Un redressement des surfaces et de la production cette année permettrait de mieux répondre à une demande en augmentation, « avec des consommateurs qui ont une appétence de plus en plus grande pour des fibres locales traçables », explique Damien Durand, directeur Economie de l’Alliance du lin et du chanvre européen. Si la majorité de la production part aujourd'hui en Chine et en Inde pour être filée, de nouvelles usines ou projets d’usine voient le jour en France et au Portugal. Un signe qui atteste d'une demande qui se consolide sur un marché du textile de plus en plus dominé par les fibres synthétiques.► À lire aussi : Inquiétudes pour la filière du lin en Normandie