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RFI - Invité Afrique

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  • Alain-Claude Bilie-By-Nze, Premier ministre gabonais: «À l’élection de 2016, certains ont péché par excès de confiance»
    De passage à Paris, le Premier ministre gabonais a donné une interview à RFI et France 24 dans laquelle il évoque - avec un petit regard autocritique - la précédente présidentielle. Et il promet la transparence pour celle à venir, cette année. Il explique également la position du Gabon sur le conflit russo-ukrainien, après le récent vote à l'ONU sur la condamnation de l'invasion russe.   Marc Perelman : Monsieur le Premier ministre, le 9 mars l'Esther Miracle, un ferry qui reliait Libreville à Port-Gentil, a fait naufrage. Le bilan est d’au moins 24 morts. Vous avez dénoncé, je vous cite, « la négligence, les petits arrangements » et promis des « décisions dures ». Votre ministre des Transports Brice Paillat a remis sa démission, mais beaucoup au Gabon estiment qu’il faut sanctionner d’autres membres de votre gouvernement, que ce n’est pas assez… Alain-Claude Bilie-By-Nze : Monsieur Brice Paillat a remis sa démission par responsabilité politique. Ce naufrage, que nous regrettons, avec des disparitions importantes, c’est un des plus importants que notre pays a connu, a choqué le Gabon. Brice Paillat n’est pas coupable, mais responsabilité politique oblige, il a rendu sa démission. En ce qui concerne les demandes sur les autres membres du gouvernement, c’est un peu excessif. Nous verrons ce que les enquêtes vont démontrer : y a-t-il eu une faille dans les secours ? On verra bien. Manifestement, dans la gestion de la question de la marine marchande au Gabon, se posent énormément de problèmes, de négligences et quelques problèmes de manque de suivi, de rigueur dans la délivrance de certains documents. Et ce sont les premiers éléments de l’enquête administrative, nous verrons ce qu’il en sera quand cette enquête sera bouclée. M.P.: Alors Ali Bongo n’a pas caché ses ambitions pour la prochaine présidentielle qui est prévue normalement au mois d’août. Vous allez sans doute jouer un rôle central dans cette campagne. En 2016, tout le monde est d’accord, l’élection s’est mal passée : il y a eu une grave controverse, il y a eu des dizaines de morts. Et là, pour cette élection de 2023, vous avez refusé que l’Union européenne envoie des observateurs. Évidemment, cela pose une question : est-ce que ça ne va pas entacher ce scrutin ? Est-ce qu’il ne va pas y avoir de nouveau des soupçons de manque de transparence ? D’abord, le chiffre de dizaines de morts, je ne le confirme pas. Il y a un chiffre officiel au Gabon. M.P.: C’est ce que disent plusieurs organisations… Oui. Mais elles n’ont pas apporté la preuve. On ne va pas reprendre ce que disent les organisations. L’Union européenne… nous avons discuté dans le cadre du dialogue politique intensifié et nous sommes tombés d’accord. Nous avons fait le constat que les observateurs de l’Union européenne ont contribué à aggraver la situation au Gabon par des déclarations intempestives, peu mesurées, et qui ne tenaient pas compte des réalités. Nous sommes tombés d’accord pour que cette année, il n’y ait pas d’observations de l’Union européenne. Et cela n’aggravera rien du tout, parce que nous allons organiser une élection transparente. Le vainqueur sera connu. Nous espérons que le vaincu acceptera et félicitera le vainqueur. Christophe Boisbouvier : Cette année, l’élection présidentielle sera à nouveau à un seul tour. Et à la différence de 2016, où toute l’opposition était derrière Jean Ping, cette année, l’opposition risque de partir en ordre dispersé. On se souvient qu’en 2016, l’équipe du candidat-président Ali Bongo avait pêché par excès de confiance. Cette année, est-ce que vous pensez que la victoire est assurée, parce que Jean Ping, Paulette Missambo et Alexandre Barro Chambrier n’auraient aucune chance ? D’abord, il ne me revient pas de me prononcer à la place de l’opposition. Ensuite, je crois que chacun a tiré les leçons de 2016, aussi bien dans la manière de mener la campagne, dans la manière de s’organiser, mais surtout de gérer le pays… C.B.: Excès de confiance en 2016 ? Je pense qu’en 2016, effectivement, certains ont pêché par excès de confiance. Beaucoup ont pensé que c’était plié d’avance, et ce qui a rendu peut-être plus difficile la question de l’élection. Mais cette élection a eu lieu. On en a tiré toutes les leçons. On va aller à cette campagne lorsqu’elle aura lieu de manière à peser, en proposant un projet crédible que nous mettrons en œuvre si le président est élu. M.P.: Alors se pose la question de certaines personnalités politiques et syndicales qui sont derrière les barreaux en ce moment. Il y a le Franco-Gabonais Brice Laccruche Alihanga, qui était directeur de cabinet du président Bongo, il serait très malade. Il y a aussi le leader syndical Jean-Rémi Yama. Est-ce qu’un geste de clémence envers eux, et peut-être quelques autres, ne serait pas une bonne chose justement pour apaiser le climat avant les élections ? Ou est-ce que vous dites : non, c’est hors de question ? D’abord, c’est le domaine de la justice, et vous le savez bien. Personne n’a idée en France de demander au président français ce qu’il pense de la situation de tel ou tel autre prisonnier. Brice Laccruche Alihanga, à ma connaissance, n’est pas un prisonnier d’opinion. S’il l’était, on saurait quelle est son opinion. Il me semble qu’il ne faut pas oublier les choses qui lui sont reprochées. Mais ce n’est pas de mon domaine de commenter ce qui relève de la justice. Quant au syndicaliste Jean-Rémi Yama, vous savez très bien qu’il y a des plaintes qui ont été déposées contre lui au pénal par des citoyens gabonais qui se sont plaints d’avoir été spoliés, escroqués. Donc, ce sont des domaines, des éléments qui relèvent de la justice. M.P.: Un geste humanitaire ? Dans ces conditions, c’est une démarche des avocats vis-à-vis de la justice gabonaise et la justice se prononcera. C.B. : En février 2023, lors du dernier vote aux Nations unies sur la guerre en Ukraine, le Gabon s’est abstenu de condamner l’agression de ce pays par la Russie. Est-à-dire qu’à vos yeux, la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine compte moins que votre partenariat stratégique avec la Russie ? D’abord, il est juste de rappeler que le Gabon a clairement condamné la violation du droit international et que, par la suite, le Gabon a estimé qu’il a aux Nations unies un rôle à jouer. Il a aussi des intérêts stratégiques à préserver. On ne va pas commencer à demander à chaque État de justifier son vote aux Nations unies. Personne ne le fait pour les pays occidentaux. Donc, permettez que les Africains fassent des choix en fonction de leurs propres ambitions.
    3/21/2023
    11:16
  • Libération d'Olivier Dubois: «Il avait toutes les qualités pour traverser ce genre d'épreuve»
    Le journaliste enlevé à Gao dans le nord du Mali, en avril 2021, a passé presque deux années en captivité. Il est apparu souriant et libre hier, lundi 20 mars, en début d'après-midi à l'aéroport de Niamey, la capitale du Niger voisin. Amélie Tulet a pu joindre Marc De Boni, porte-parole du comité de soutien pour la libération du journaliste, quelques minutes après qu'il a appris la libération de celui-ci.  Marc de Boni : Je me sens entre deux mondes, c’est assez particulier parce que c’est une croisade dans laquelle on s’engage corps et âme sans perspective de fin, sans même la promesse d’une issue heureuse. Et on est tellement et intégralement tendus vers l’objectif du retour de la personne qui nous a été enlevée que, quand cela arrive, on perd ses moyens. Je ne vous cache pas que j’ai passé une bonne demi-heure d’abord à pleurer, puis à essayer de récupérer mes esprits. RFI : Qu’est-ce qu’il ressort de ces deux ans de « croisade », presque deux années ? L’immense force et l’immense courage de Déborah, qui est la compagne d’Olivier, la mère de ses enfants, qui a été un phare pour nous, qui a été une source d’inspiration et qui a accompli littéralement des miracles par amour pour Olivier. On a su à plusieurs reprises que tout ce qu’on a pu faire ici à Paris, Olivier en avait vent et que ça a changé des choses pour lui. J’espère qu’il pourra nous raconter plus avant tout ça. Pour ce genre de bataille absolument désespérée, on se sent totalement démunis. On ne sait pas du tout si les efforts portent. Et bien, oui, les efforts portent, les personnes en otage entendent, elles savent qu’on se mobilise pour eux. On sait que beaucoup de personnes sont malheureusement dans la même situation et qu’on n’en parle pas assez. J’espère que ça leur redonne un peu d’espoir. Est-ce que vous avez eu des moments d’abattement, de désespoir ? Il y a eu pas mal de moments d’abattement, il y a eu beaucoup de montagnes russes, plusieurs moments où on a cru que c’était sur le point de se faire. Il y a plein de choses qui seront racontées (…) et qu’il ne m’appartient pas forcément de dévoiler parce que c’est le secret de la diplomatie et de ce genre d’affaires compliquées. Mais oui, il y a eu des moments d’abattement. Et il faut aussi tenir sur le temps long. Au début, il y a 150-200 personnes qui sont très motivées et qui se mobilisent. Puis, à la fin, on est quelques-uns, dont certains qui n’ont jamais connu Olivier, ça c’est vraiment incroyable, c’est vraiment très beau aussi de voir comment toute une partie du comité [de soutien pour la libération de Olivier Dubois] sont des gens qui n’avaient aucun lien avec Olivier, qui ne l’ont jamais rencontré, et qui se sont donnés nuit et jour à Paris, à Metz, en Martinique pour porter ce combat et plaider sa cause. Et ça, c’est vraiment quelque chose de magnifique et que je retiendrai. Est-ce qu’il y a eu des signaux qui ont fait monter l’espoir ces derniers jours ou ces dernières semaines ? On a eu tellement de montagnes russes au cours de ces deux ans qu’on apprend à se blinder et aussi à se méfier des signaux faibles. Il y avait en effet des signaux faibles qui portaient à être optimistes. Maintenant, moi personnellement, j’étais surtout prudent. C’est une excellente nouvelle, à laquelle je ne m’attendais pas. Moi, j’étais dans l’idée de continuer le combat le temps qu’il faut et de n’arrêter que quand j’aurais la preuve sous les yeux, qu’Olivier va bien, qu’il nous revient. Je ne pensais pas que ce serait aujourd’hui pour être honnête. Vous avez donc beaucoup pensé à lui pendant ces deux ans. Qu’est-ce qui vous préoccupait le plus ? Ce qui me préoccupait le plus, c’était que la géopolitique écrase l’histoire personnelle et son cas individuel. Ce qui m’a inquiété, c’est effectivement tout ce qui s’est passé quand d’abord le Mali et la France ont rompu les communications. Ça a été un coup difficile, le départ aussi de la force française. Forcément, il y avait quelque chose de l’ordre du rassurant d’imaginer que nos soldats n’étaient pas trop loin en cas de besoin. Ça a été des passages plus difficiles.  Et là, vous avez vu les images d’Olivier Dubois à l’aéroport de Niamey ? Oui. Je les ai regardées en direct sur Twitter. Vos confrères de Radio France m’ont fait entendre ses premières paroles en direct. On a du mal à y croire. Je ne sais pas quoi vous dire, à part de c’est beau et que ça m’a fait longuement pleurer. Vous l’avez reconnu ? Il est comme avant ? Il a le même sourire. Je n’ai jamais douté qu’il a toutes les qualités pour traverser ce genre d’épreuves. C’est quelqu’un qui est plein d’énergie, qui est très humain, qui est toujours dans la proximité. On retrouve cette étincelle d’enfant dans son regard. Et ça m’a inquiété qu’elle puisse avoir été éteinte. ( …) Il nous racontera le détail. Je ne doute pas qu’il a su tirer son épingle du jeu et se faire bien accueillir malgré les conditions très particulières dans lesquelles il a été, survivre et nous revenir, avec un sourire.
    3/21/2023
    5:29
  • Ousmane Gaoual Diallo, ministre guinéen: «Le président Doumbouya ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle»
    En Guinée, le colonel Doumbouya -qui a pris le pouvoir il y a 18 mois- promet de le rendre aux civils dans un peu moins de deux ans. Mais l’opposition est sceptique, car plusieurs de ses cadres sont en prison et ses deux leaders vivent en exil. N’est-ce pas en effet de mauvais augure pour la suite de la transition ? Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du gouvernement guinéen et ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, de passage à Paris, est notre invité. RFI : Le 21 février, devant le Parlement de transition, le président de transition, le colonel Doumbouya, a annoncé qu’il quittera le pouvoir à la fin de la transition, c’est-à-dire à la fin de l’année prochaine. Est-ce à dire qu’il ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle ? Ousmane Gaoual Diallo : Non seulement il ne sera pas candidat, il l’a affirmé au moment de l’élaboration du chronogramme, mais il l’a répété aussi quand le besoin s’est fait sentir. C’est un engagement qu’il a pris devant la population guinéenne. Selon plusieurs sources, il y a eu au moins deux morts le 16 février à Conakry, à la suite de la répression brutale d’une manifestation par l’armée. N’est-ce pas de mauvais augure pour la suite de la transition et pour le retour des civils à la fin de l’année prochaine ? Le gouvernement déplore systématiquement les violences qui entrainent des victimes, mais prend aussi des dispositions, c’est quelque chose qu’il faut noter, pour que les auteurs de ces violences puissent être traduits devant les juridictions de ce pays. Il faut aussi rappeler que les premiers accusés d’assassinats de manifestants sont actuellement en procès devant les tribunaux de Conakry, et c’est déjà une première avancée. L’usage des armes de guerre dans les manifestations est prohibé et c’est pour cette raison que les auteurs de ces utilisations d’armes de guerre sont arrêtés et sont traduits devant les juridictions. Le 17 février dernier, monsieur le ministre, votre gouvernement a menacé d’interdire les principaux partis politiques du pays suite à un appel à une manifestation. Alors vous avez déjà interdit les manifestations, vous avez dissous le Front national pour la défense de la Constitution, le FNDC, est-ce qu’on peut encore parler de transition démocratique en Guinée ? La réalité, c’est que les manifestations ne sont pas interdites sur l’ensemble du territoire national. Elles sont interdites sur une partie du territoire, notamment sur les axes qui donnent lieu à beaucoup de violences. Pour le reste, les partis politiques continuent d’agir, continuent de maintenir leurs activités en critiquant l’actualité, en échangeant avec leurs membres, donc il n’y a pas eu de menace de dire qu’on va dissoudre les partis politiques. Cependant, les partis politiques, lorsqu’il y a des déviations par rapport à la loi, lorsqu’il y a violation de la Charte, il va sans dire qu’il y a des sanctions qui sont prévues. Alors, vous appelez au dialogue avec tous les partis, et notamment l’opposition, mais avec qui dialoguer si plusieurs figures de l’opposition et de la société civile sont en prison ? Je pense bien sûr à Foniké Menguè et à Ibrahima Diallo, du FNDC, le Front national pour la défense de la Constitution, et je pense à Saikou Yaya Barry, de l’UFR… Déjà, ils ne sont pas poursuivis pour des actions politiques qu’ils mènent. En tout état de cause, le dialogue n’est pas entre des individus et l’État, le dialogue est entre les institutions. Ce sont les organisations que les uns et les autres représentent qui sont invitées autour du dialogue. Donc on peut, bien entendu, avoir un certain nombre d’acteurs politiques qui ont maille à partir avec la justice, mais [faire en sorte] que le dialogue soit maintenu parce que les partis politiques, les organisations de la société civile, ne se limitent pas à des individus. Oui, mais voilà déjà près de huit mois que ces trois personnalités, Foniké Menguè, Ibrahima Diallo et Saikou Yaya Barry, sont en prison. Est-ce qu’il ne vaudrait pas mieux les libérer pour décrisper la situation et pour amorcer ce dialogue ? Le processus judiciaire se poursuit. Il me semble que le ministre de la Justice a été clair là-dessus. Toutes les dispositions sont prises pour que la justice puisse travailler dans la sérénité et rapidement pour juger ces personnes qui sont incriminées. Le dialogue avec les partis de l’opposition et les organisations de la société civile, c’est pour quand ? Le dialogue est en cours. Ils sont tous invités à prendre part au dialogue qui est soutenu et suivi par le Premier ministre, donc c’est une ouverture qui est là et que nous maintenons malgré tout. Mais concrètement, Cellou Dalein Diallo et Sydia Touré, les deux principales figures de l’opposition, ne sont plus dans votre pays actuellement, ils sont en exil. Est-ce qu’ils peuvent rentrer au pays sans être poursuivis ? Ils peuvent rentrer au pays sans aucun problème. D’ailleurs, Sydia [Touré] ne fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire dans le pays, donc je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas rentrer s’il le souhaite. Cellou [Dalein Diallo]est convoqué devant une juridiction, encore qu’il ne soit pas le seul responsable convoqué dans cette affaire, les autres protagonistes mis en examen dans ce dossier sont à Conakry et personne n’est incarcéré, donc je ne vois pas en quoi il pourrait refuser de rentrer au pays. Mais n’est-il pas difficile de dialoguer avec le numéro un de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, si celui-ci est poursuivi par la justice ? Peut-on, pour autant, garantir une certaine impunité simplement parce qu’on est le chef de file de l’opposition, ou bien on peut renforcer l’appareil judiciaire aux yeux de l’opinion guinéenne et que chacun se prête au jeu d’aller faire face à la justice, si ceci est nécessaire. Ne faut-il pas faire un geste à l’égard de Cellou Dalein Diallo pour que le dialogue reprenne ? Le dialogue doit pouvoir statuer sur ces questions. Suite à une rencontre, le 9 février dernier, entre les ministres des Affaires étrangères de la Guinée, du Mali et du Burkina Faso, a été émise l’idée de créer une fédération entre vos trois pays. Où en est-on de ce projet ? Il n’a pas été question dans le communiqué de créer une fédération, mais un renforcement de la coopération. Je pense qu’il est de la responsabilité aussi des gouvernants d’aller rechercher des formes de coopération avec les pays voisins, avec les pays tiers, et c’est ce qui est en train d’être fait par les autorités de la transition. En tout cas, la fédération, c’est le souhait exprimé publiquement par le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela… Je ne commente pas ces commentaires du Premier ministre burkinabè. Je sais que la Guinée allait chercher un renforcement de coopération avec ces pays, ce sera tant mieux pour nos économies.
    3/20/2023
    11:23
  • La nuit de Christophe Boltanski à l'Africa Museum: «Il faut expliquer au visiteur comment ces pièces ont été acquises»
    Alors qu’un nouveau directeur, Bart Ouvry, vient d’être nommé à la tête de l’Africa Museum de Tervuren, près de Bruxelles, notre invité est Christophe Boltanski. Le journaliste et écrivain français a récemment publié un récit, King Kasaï, inspiré par sa nuit passée dans cet ancien musée du Congo belge totalement réaménagé.  RFI : Votre récit s’intitule King Kasaï, c’est le surnom de l’éléphant empaillé dans les années 50 qui trône toujours dans ce qui est devenu l’AfricaMuseum. Comment vous est venue l’envie de passer une nuit dans ce musée ? Christophe Boltanski : Ce musée, je l’avais découvert dix ans plus tôt, à l’occasion d’un autre livre intitulé Minerais de sang. Je m’étais rendu dans ce musée parce que les Belges, au moment de l’indépendance, ont tout emmené avec eux, toute la mémoire de ce pays, y compris les archives minières. Et j’avais découvert un lieu absolument stupéfiant, un musée colonial, qui n’avait quasiment pas changé depuis son inauguration en 1910. Et donc, quand j’ai appris que ce musée avait été fermé pour être officiellement décolonisé, je me suis demandé : mais comment on fait pour décoloniser un musée colonial ?  Je me suis retrouvé dans un lieu qui était plongé totalement dans l’obscurité, et la première chose que j’ai vu, c’était, avant même de rentrer dans ce musée, les tombes vides de sept Congolais morts en 1897 lors d’une exposition universelle. L’origine de ce musée, c’est d’abord ce zoo humain, des villages qui ont été recréés dans le parc. De très nombreux Congolais sont tombés malades et sept d’entre eux sont morts de pneumonie et ce sont leurs tombes que l’on voit adossées à cette église. Vous convoquez les récits de Joseph Conrad, mais aussi d’Hergé. Selon vous, il s’est particulièrement inspiré de ses visites au musée de Tervuren… Oui, d’abord Conrad, parce qu’il y a ce roman qui m’accompagnait dans cette nuit, qui s’appelle Au cœur des ténèbres, c’est un homme qui remonte le fleuve Congo à la recherche d’un chef de station qui est devenu fou, qui s’appelle Kurtz. Et moi, j’ai eu ce sentiment également de faire un voyage dans ce musée, je le raconte effectivement comme une sorte d’exploration dans les tréfonds de notre mémoire. Et également, quand vous rentrez dans ce musée, la première chose que vous découvrez, c'est un cimetière de statues. C’est-à-dire que le musée a essayé de déplacer les statues les plus choquantes, et parmi elles, il y a une statue qui s’appelle « L’homme-léopard », qui est particulièrement effrayante, et qui a inspiré Hergé pour son premier album, les Aventures de Tintin au Congo. Hergé ne s’est pas rendu au Congo, pas plus que le roi Léopold II qui est à l’origine de ce musée, mais il s’est rendu au musée de Tervuren. Il a donc dessiné les pirogues, les masques, les animaux, etc… En fait, cet album pourrait même s’appeler les Aventures de Tintin à Tervuren. J’ai compris, en voyant cette statue, que je ne visitais pas le Congo, évidemment, dans ce musée, mais que je visitais tous les stéréotypes et tous les clichés que l’on a accolés à cette partie du monde. Vous décrivez comment l’AfricaMuseum a été repensé, mais vous n'êtes pas convaincu par cette nouvelle mise en scène dans le musée. Est-ce qu'un musée bâti à la gloire de la colonisation peut réellement faire sa mue ? C’est presque impossible. Déjà, Léopold II est présent absolument partout dans ce musée. Son monogramme, qui est représenté par un double L, est gravé sur les murs, sur les plafonds, à 45 reprises. Et en plus, vous avez les statues les plus choquantes, qui sont des allégories représentant la Belgique apportant la civilisation et la foi chrétienne à de bons sauvages, et qui, parce que ces allégories sont situées dans des alvéoles, qu’elles font partie des murs et que le bâtiment est classé, ne pouvaient pas être déplacées. Donc on a essayé d’abord de faire contrepoids avec des œuvres contemporaines, puis on les a masquées par des voiles. Je trouve que c’est assez représentatif de toutes les gênes, de tous les dénis que l’on a à regarder cette histoire.  Au départ, les responsables du musée souhaitaient qu’il n’y ait même pas de salle historique sur le passé colonial de la Belgique. De nombreuses voix se sont élevées pour dire que ce n’était pas possible, qu’il fallait absolument qu’il y ait un espace qui lui soit dédié. Donc il y a une petite salle qui lui est impartie, mais qui est assez frustrante, parce que finalement, il n’y a pas grand-chose, et les pièces à conviction, parce qu’on parle quand même de crimes, on parle de ces sociétés concessionnaires qui ont obligé les populations à ramener du caoutchouc, et ceux qui ne pouvaient pas ramener leur quota étaient tués, et pour s’assurer que les balles avaient été bien utilisées, il fallait que les sentinelles coupent la main de leurs victimes. Et donc, on a ces photos qui ont été prises par une missionnaire anglaise qui sont absolument terrifiantes. Elles sont présentes, mais il faut vraiment les chercher. Il faut appuyer sur des écrans tactiles, elles apparaissent mais en tout petit, alors qu’elles devraient être au cœur de cette salle dans la mesure où des historiens estiment qu’il y avait sans doute vingt millions d’habitants en 1885, au moment de la colonisation, et que 25 ans plus tard, ils étaient moitié moins.   L’AfricaMuseum, ce sont aussi des dizaines de milliers de masques, statuettes, boucliers, objets rituels, dont beaucoup ont été pillés au Congo. Faut-il accélérer leur restitution aujourd’hui ?    La première chose qu’il faut faire d’abord, je pense, c’est expliquer aux visiteurs comment ces pièces ont été acquises. Quand moi, j’ai passé cette nuit, il y a une fameuse statue, ce qu’on appelle un fétiche à clous. Sur le cartel il était indiqué que ce fétiche à clous avait été collecté par un certain Alexandre Delcommune. Il s’agit d’un aventurier qui en fait ne l’a pas collecté : il a attaqué un village et il a compris que cette statue avait du pouvoir, et donc il s’est emparé de cette statue comme on prend un otage. Quand je suis retourné pour la sortie de ce livre, j’ai vu qu’ils avaient changé le cartel : maintenant le mot qui est utilisé, c'est « seized », donc ça a été « saisi ». On voit qu’il y a du progrès, mais on est encore loin de la réalité. Ensuite, la question de la restitution : je pense que les Belges sont beaucoup plus en avance que les Français. Il y a tout un travail justement pour identifier l’origine de ces pièces et les négociations qui sont très bien engagées avec la République démocratique du Congo. Je crois qu’en France, on est encore très très loin de cela, mais en tout cas cette question-là, on ne pourra pas y échapper.
    3/19/2023
    5:45
  • Terrorisme, relations avec les États-Unis et la France, Wagner : ce qu'en dit le ministre des Affaires étrangères du Niger
    Le secrétaire d'État américain Antony Blinken multiplie les visites sur le continent Africain. Jeudi 16 mars, il était à Niamey, au Niger, où il s'est entretenu avec le président Mohamed Bazoum. Il a été question de coopération économique et militaire dans ce pays du Sahel, région en proie à la violence jihadiste et où la Russie marque des points. Le ministre nigérien des Affaires étrangères Hassoumi Massaoudou est notre invité. Il est au micro d'Alexandra Brangeon.   RFI : Jeudi 16 mars, Antony Blinken était en visite au Niger, c’était la première visite d’un secrétaire d’État américain en plus de quarante ans dans votre pays. Comment vous l’interprétez ? Hassoumi Massaoudou : C’est vraiment un témoignage que nous recevons comme un témoignage de solidarité, d’amitié et de considération pour notre pays. Et cela prouve la qualité exceptionnelle de la relation que nous avons avec les États-Unis. Antony Blinken a d’ailleurs qualifié le Niger de modèle dans la région… Évidemment, nous sommes un pays qui est démocratique, stable, dans un environnement chaotique. Et nous faisons chaque jour preuve d’une grande résilience face à l’agression terroriste, à la dégradation de la situation sécuritaire dans le Sahel. Malheureusement, nous sommes les seuls et nous aurions souhaité ne pas être les seuls, ce qui nous donne des responsabilités supplémentaires, parce que nous devons prouverque seul le modèle démocratique est l’alternative crédible pour pouvoir vaincre le terrorisme. Il a été question, lors de cette rencontre, de coopération militaire justement, pour lutter contre le terrorisme. Les Américains sont déjà présents au Niger. Est-ce qu’il est prévu un renforcement de cette coopération militaire ? D’abord, nous avons cette coopération militaire de manière assez ancienne avec les États-Unis, mais elle est montée en puissance ces dernières années. Les États-Unis qui, effectivement, à travers leur implantation dans la base aérienne d’Agadez, nous donnent une aide importante en matière de renseignements, pas à nous seulement mais à tous nos partenaires de la région. Deuxièmement, les États-Unis forment nos bataillons des forces spéciales. C’est les premiers à avoir fait ce type de formations et à avoir donné l’exemple aux autres sur la nécessité de transformer notre armée par la multiplication des bataillons des forces spéciales qui ont fait leurs preuves sur le terrain. Et troisièmement, les Américains nous donnent des équipements sur le plan aérien – des C-30, des Cessna –, du renseignement, des moyens blindés, des véhicules blindés et tout ça. La participation des Américains à cette guerre est une aide inestimable pour nos soldats. Alors justement, est-ce qu’il est question de plus de moyens déployés par les Américains ? Oui, il est toujours question de plus de moyens bien sûr, aussi bien sur le plan militaire que sur le plan civil. Mais je voudrais signaler qu’à ce jour, l’engagement américain sur les trois dernières années dépasse les 1 000 milliards de francs CFA, et ça ne fait que monter en puissance. Donc, les Américains s’inscrivent dans la durée de la coopération avec notre pays, aussi bien sur le plan militaire que civil. Alors jusqu’à présent, la menace terroriste était concentrée à la frontière avec le Mali, elle s’est propagée à toute la frontière avec le Burkina Faso et le Bénin. Est-ce que cette coopération sécuritaire avec les Américains va s’étendre à cette nouvelle zone ? Mais la menace terroriste, nous savons très bien qu’elle va s’intensifier avec le départ des Français au nord Mali et, avec l’effondrement du front au niveau du Burkina Faso, il va de soit que cette menace est étendue, mais de manière moins importante à la frontière du Burkina. La coopération avec les États-Unis au-delà de la sécurité, elle se fait à notre demande, quelle que soit la zone, quel que soit l’endroit. Mais avec les États-Unis, nous avons une conception holistique de cette guerre, elle ne se limite pas à l’aspect militaire, il y a eu une montée en puissance de l’aide américaine à travers le retour d’abord de l’USAID et la montée des investissements. Tout cela participe en réalité de la volonté de renforcer la résilience de notre pays face au choc terroriste et au choc climatique.   ► À lire aussi : Sahel, Corne de l'Afrique...: comment la présence militaire américaine peut-elle évoluer? L’administration américaine a indiqué qu’elle souhaitait s’engager davantage sur le continent pour y contrer l’influence de la Russie. Est-ce que vous avez discuté avec Antony Blinken de l’avancée de la milice paramilitaire Wagner dans la sous-région ? Nous avons discuté de manière générale des questions du recul démocratique dans notre sous-région et, partageant ces mêmes valeurs avec les États-Unis, nous nous organisons pour que le soutien à l’expérience nigérienne fasse école et qu’elle soit un modèle et qu’elle se démultiplie en Afrique. Donc résister contre le recul démocratique dans notre région, c’est faire en sorte que, par notre exemple, nous puissions faire valoir le développement et l’avancée démocratique dans notre région et en Afrique. Depuis le putsch au Burkina Faso, plusieurs pays de la sous-région craignent l’arrivée de Wagner à Ouagadougou. Est-ce que vous en avez parlé avec votre homologue ? Nous considérons tous que Wagner est une organisation criminelle qui participe au recul de la démocratie dans notre pays, donc par conséquent, évidemment nous en avons parlé. En ce qui concerne le Burkina Faso, rien n’est prouvé jusqu’ici qu’ils ont eu un accord avec Wagner. Nous espérons qu’ils ne prendront pas cette trajectoire et qu’ils s’en tiendront au plan de sortie de la transition signé avec la Cédéao. Le président français, Emmanuel Macron, a indiqué qu’il fallait que la présence militaire française soit moins visible dans cette lutte antiterroriste. Est-ce que la France est toujours un allié solide, ou est-ce que les Américains sont en train de prendre la place des Français ? Les Américains et les Français ont toujours été nos alliés en même temps, ce sont des alliés importants, tout aussi indispensables et nécessaires les uns que les autres. Je vais vous dire une chose, c’est que cette guerre, c’est d’abord nous qui la menons. Qu’il s’agisse des Français ou des Américains, ils nous aident dans la guerre que nous menons, ils ne font pas la guerre à notre place. Ces différents partenaires, aussi essentiels soient-ils, ne sont qu’un appoint pour nous dans cette guerre. ►  À l'issue de cette rencontre Washington a annoncé une nouvelle aide humanitaire à la région, dont le Niger, d'un montant de 150 millions de dollars.
    3/17/2023
    5:07

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