À la Une: Darmanin aux LR: «Asseyons-nous et discutons» d’immigration
Mano a mano en perspective sur l’immigration entre la macronie et la droite, en France ? Le ministre de l’Intérieur tend la main au parti Les Républicains pour durcir les lois sur les flux migratoires. « Chiche, travaillons ensemble ! », dit Gérald Darmanin, à « la Une » du Parisien Dimanche, en réponse aux radicales propositions en matière d’immigration que ce parti de droite avait présenté dimanche dernier dans Le Journal du Dimanche. Entre autres, celle prévoyant d’inscrire dans la Constitution la possibilité de déroger, dans ce domaine, aux traités comme au droit européen. « Chacun doit faire un pas (…) Les LR voudraient absolument qu’on dépose ensemble un nouveau texte de loi ? Nous y sommes prêts s’il est discuté avec les centristes et les radicaux », dit ce matin le ministre de l’Intérieur dans Le Parisien Dimanche.Gérald Darmanin se dit ainsi ouvert au « conditionnement des visas », à la « modulation de l'aide au développement » des pays concernés à la mise en œuvre des laissez-passer consulaires ; sans omettre la question des mineurs non accompagnés ou encore celle des demandes de titres de séjours. Mais s'affranchir des traités européens constituerait « un Frexit migratoire », objecte le ministre, en rejetant également la proposition des LR pour que les demandes d'asile soient formulées hors du territoire, mesure « inapplicable », selon lui, « sauf à sortir de la Convention de Genève de 1951 ». Un « asseyons-nous et discutons » qui marquerait un tournant dans la macronie, privée de majorité absolue à l’Assemblée nationale.Hors l’alliance, point de salut à gaucheÀ gauche, on prépare fébrilement les prochaines élections européennes. En France, la Nupes, l’alliance de gauche, arithmétiquement, aurait une carte à jouer. Comme le souligne l’hebdomadaire Marianne, sur la foi de deux récents sondages Ifop, trois sympathisants de gauche sur quatre sont d’autant plus favorables à une liste unique de la gauche aux élections européennes qu’en cas de liste unique, la gauche parviendrait à se hisser au même étage que le Rassemblement national, avec 26% des intentions de vote. Toutefois, les quatre partis de gauche séparés obtiendraient 35% des voix au total.Mais ça, c’est sur le papier. Dans les faits, Marianne n’est pas dupe. « Et si la gauche se moquait de nous ? », feint de s’interroger ce magazine. « Derrière les raisonnements politiques, chaque parti défend avant tout ses propres intérêts et personne ne croit vraiment à la constitution d'une alliance d'ici un an », regrette Marianne.Comme le souligne ainsi cet hebdomadaire, les élections européennes sont généralement favorables aux écologistes, qui entendent donc bien y participer sans leurs alliés de la Nupes afin de pouvoir ensuite se retrouver en meilleure position « pour que la répartition des circonscriptions lors des prochaines législatives leur soit plus favorable ».Petits meurtres entre camaradesAu parti socialiste, la donne est différente.« Son aile droite, menée par Nicolas Mayer Rossignol, juge le premier secrétaire (Olivier Faure) trop inféodé aux Insoumis », remarque Marianne, tandis que La France insoumise, de Jean-Luc Mélenchon, prêche pour une liste unique Nupes, afin de « paver la voie pour une candidature insoumise représentant toute la gauche à l'élection présidentielle de 2027, seule échéance déterminante », explique encore Marianne. Le « Che » rend l’Europe responsable de la guerre en UkraineLa guerre en Ukraine, et une voix qui détonne, cette semaine, dans la presse ; celle de Jean-Pierre Chevènement. Ancien ministre de la Défense, cet intellectuel de gauche, dans un entretien à l’hebdomadaire Le Point, pointe justement la responsabilité de l’Europe dans la genèse de cette guerre. À l’occasion de la sortie d’un livre intitulé Refaire la France (Éditions Bouquins), Jean-Pierre Chevènement dit à ce journal que, passé l’effondrement de l’Union soviétique, les États-Unis, via la « révolution orange », ont voulu « se servir de l’Ukraine comme d’un bélier contre la Russie ». Certes, souligne celui que ses camarades du parti socialiste avaient coutume d’appeler « Le Che », les Européens ne nourrissaient pas alors ce dessein, mais l’Union européenne n’aurait, selon lui, pas « géré politiquement » le partenariat oriental de 2008, lequel visait à renforcer les liens de l'Europe avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie, la Moldavie, l'Ukraine et la Biélorussie. « Le président de la Commission européenne de l’époque, M. Barroso, porte une lourde responsabilité dans le dérapage qui s’est produit en 2013-2014, estime Jean-Pierre Chevènement dans Le Point. Celui-ci était parfaitement évitable si l’on avait pensé ensemble ces deux projets de libéralisation des échanges. Surtout, si on avait établi une neutralité pour l’Ukraine, entre l’Europe et la Russie ». Pour l’ancien ministre de la Défense, pas de doute, « cette agression a jeté l’Europe dans les bras des États-Unis, et la Russie se trouve désormais à la merci de la Chine. Beau résultat du point de vue de l’indépendance de l’Europe ! », dit-il au Point.